1e entrevue (Dante)

J’entendais au loin une sonnerie stridente, persistante. Hum…bizarre. Difficilement, j’ouvris mes yeux pour m’apercevoir que c’était mon stupide réveil qui faisait tout ce boucan. Je grimaçai, me frottais les yeux puis, il y eu un déclic et je me rappelais que mon colocataire arrivait aujourd’hui. Affolée, je sautai du lit, ouvris les rideaux de ma fenêtre puis constatai avec horreur que ma chambre était dans un état pitoyable. Je me mis à tout ranger puis regardai mon réveil. Il ne me restait que cinq minutes. Je courus à la salle de bain, me brossai frénétiquement les dents puis me regardai dans la glace. Mon dieu, mes cheveux étaient en bataille et je ne m’étais pas encore douchée. J’enlevai vite mes vêtements, aspergeai d’eau froide mon corps et mes cheveux, me savonnai puis me rinçai. La sonnette retentit.

-« J’arriive ! » hurlai-je.

Ca devait être lui. Ou elle. Après tout, Millis avait l’air d’être un prénom féminin mais Dante… Je penchai plus pour une fille parce que, selon ma petite logique, on ne me mettrait pas avec un garçon. En même temps, j’avais un mauvais pressentiment comme si, comme si je me trompais. Bah, j’étais trop parano voilà tout. J’enfilais mes sous vêtements à la hâte et n’eus pas le temps de me chercher une tenue appropriée car la sonnette retentit une seconde fois. Je répétais que j’arrivais puis réenfilais mon mini short et mon grand t-shirt pyjama. J’attachai mes cheveux dégoulinant d’eau dans une espèce de queue de cheval, me regardai vite fait dans la glace. Horrible comme d’habitude. Le pauvre, avec un peu de chance, il s’enfuirait quand il me verrait et j’aurai la chambre pour moi toute seule ! Je souris, mis mes pantoufles, déverrouillai les nombreux verrous de la porte et l’ouvris toute grande.

-« Salut ! Rory Keeper ! C’est toi mon colocataire ? » demandai-je gaiement.

Alors, je me ressaisis, ouvris les yeux en soucoupe. M****, ça sentait l’embrouille à plein nez.

Rory n’en revenait pas. Quel mal élevé ! Il la prit fermement par le bras, son minuscule bras qui remplissait à peine sa main à lui. C’était sûre, elle allait avoir un bleu dans quelques heures vu comment il était en train de la serrer.

-« Aie ! Tu m’as fait mal ! Et appelle moi demi portion si tu veux, je m’en fiche ! »

Elle n’allait pas se vexer pour si peu ;elle assumait parfaitement d’être mince et frêle, petite, aux proportions de gamine.
Alors qu’elle faisait tout pour lui être agréable, il la prenait sur son dos. Elle commença à hurler, plus surprise qu’effrayée.

-« Repose moi ! Repose moi ! » ordonna-t-elle, en vain.

Elle pensait qu’il allait la balancer sur le lit ou même par terre tout sauf…la fenêtre. Horrifiée, elle arrêta de hurler, retint sa respiration. Non, il n’allait pas faire ça, non, il n’oserait pas…

-« Arreeete, commença-t-elle à brailler, j’ai le vertige !!! »

Rien, niet, nada, le néant. Alors, elle se retrouva dans le vide, rattachée à la vie par son bras qu’elle serrait avec toutes les forces de son existence.

-« Arrête, arrête, j’ai le vertige…j’ai… »

Elle ne réussit pas à finir sa phrase, se mit à trembler et pleurer. Elle avait une peur panique du vide et voir le sol quatre étages au dessous d’elle lui était insoutenable. Il lui disait de répondre….répondre quoi ? QUOI ? Il voulait la tuer ma parole ! Elle n’arrivait plus à réfléchir, juste à pleurer et paniquer. Il ne comprenait pas qu’elle allait s’évanouir ? Qu’elle devenait toute blanche ? Qu’elle n’arrivait même plus à le tenir ? Hébétée, elle écarquilla ses grands yeux bleus pour lui et ses lèvres perdirent toute leur couleur. Est ce qu’elle allait mourir comme ça ? Devant cet idiot ? Est-ce qu’il irait en prison pour cela ou est ce qu’il ferait croire à un accident, pire, à un suicide. Immédiatement, elle pensa à sa mère, à sa tristesse en apprenant que sa fille s’était « suicidée. Non, elle ne pouvait pas laisser faire ça, au moins, elle ferait tout pour qu’il y ait des témoins

-« AU SECOUUUURS !!!! » hurla-t-elle aussi fort qu’elle le pouvait, dans une voix que la peur rendait encore plus perçante et aigue, insupportable.

-« AU SECOURS AU MEUTRE A L’AIDE !!!! » hurla-t-elle une seconde fois, encore plus fort.

Alertée par les cris, les voisins d’en face, du dessus et du dessous sortirent peu à peu à leur fenêtre. C’est alors qu’elle les vit, tous ces gens qui, horrifiés, la regardait comme si elle allait mourir, comme si son colocataire était vraiment un psychopathe violeur et agresseur. Alors, elle se calma d’un coup, se mit à rire et à sourire.

-« Désolée désolée c’est qu’un jeu…juste…un jeu. »

Elle se força à parler fort, se tortillant à droite à gauche pour qu’ils la croient. Puis elle regarda l’objet de sa haine future, lui sourit calmement.

-« C’est fini maintenant ? »

A l’intérieur, elle bouillonait.

Toujours perdue, elle semblait encore toute tremblante, il faisait comme si il ne regardait pas et pourtant, il n'avait fait que lui jetait plusieurs coup d'oeil afin de vérifier qu'elle ne tombait pas dans les pommes, elle courait alors pour s'enfermer dans la salle de bain. Elle avait ce côté tellement ennuyant et attirant qu'il ne pouvait, il ne savait pourquoi s'empêcher de s'en vouloir! Pourtant il n'avait pas à le prendre comme cela, bien au contraire... Il soupirait, bon sang, pourquoi est-ce que cela lui faisait cet effet... Ce n'était qu'une fille sans aucun intérêt.
Se laissant tombé, allongé sur son lit, il eut un petit sourire, lisant des écrits qu'il connaissait déjà, à force, il les connaîtrait par cœur, il en était certain.
Alors qu'il l'entendait sortir de la salle de bain, il ne tentait même pas de la regarder, préférant continuer à lire, c'était toujours plus sage et plus intéressant, mais il avait fallut qu'elle parle, avec sa petite voix, se demandant bien comment elle pouvait encore s'excuser alors qu'il venait de la balancer dans le vide le moment d'avant.
Elle lui laissait le lit, il posait le livre, levant les yeux vers elle, se relevant sur un bras et la regardant longuement, continuant à écouter ce qu'elle avait à dire... Hmmm, Superman, il ne manquait plus que cela, c'était elle qui avait faillit voler, pas lui et puis, il n'aimait pas ce film... Il l'avait vu dans sa jeunesse, d'ailleurs il l'avait volé à ses voisins et avait même regretté de l'avoir fait d'ailleurs!

- Dante... Ça suffira!

Se laissant retombé avant d'avoir regardé les yeux de la demi-portion face à lui... Il n'en voulait plus de son lit, si elle n'avait pas faillit s'évanouir, si elle n'avait pas eu la peur de sa vie par sa faute à lui, il l'aurait prit mais bien qu'il ne lui dirait jamais, parce qu'il n'en était pas capable, ce n'était pas elle qui devait se faire pardonner.

- Sûrement pas, j'ai réfléchi, garde le, t'as dormi dessus hier soir... Je n'y poserais même plus la tête!

Il la regardait alors qu'elle souriait nerveuse, il penchait les yeux sur son bras, où un bleu commençait à se former, c'était sûrement lui qui lui avait fait, plongeant sa main dans son sac, il balançait une crème pour les bleu sur le lit de Rory, pour qu'elle puisse en mettre, sans rien dire de plus avant de se lever lorsqu'elle lui demandait ce qu'il voulait dedans. Il prenait un jean et un débardeur dans son sac, avec un caleçon avant d'ouvrir la porte de la salle de bain.

- Je sais me débrouiller tout seul, ne fais rien pour moi, je n'en ai pas besoin, régales toi toi! Je peux savoir ce que j'ai fait pour que tu me proposes un truc comme ça bon sang? Arrêtes d'être sympa, ça ne te réussira pas, tu t'en rendras compte vite fait!

Entrant dans la salle de bain pour se changer, puis ressortant quelque minutes plus tard, il se retournait vers elle.

- Tu veux que je pose la crème... Faut en mettre une bonne couche, sinon ce n'est pas efficace.

Une fois de plus, il l’appelait demi portion. Elle devait le reconnaître, ça commençait sérieusement à lui taper sur le système.

-« Je ne suis pas une demi portion » rétorqua-t-elle en croisant ses bras sur sa poitrine.
« J’ai dix neuf ans figure toi alors arrête de m’appeler comme ça ! C’est pas de ma faute si je fais qu’un mètre cinquante huit et que je pèse le cinquième de ton poids ! Appelle moi Rory ! »

Bah, elle était nulle en math alors forcément, elle avait dit ce chiffre-là au pif. Puis, il la traitait de naïve ! Alors ça !

-« Et je suis pas naïve ! Mais avoue que rencontrer un mec comme toi c’est inexplicable ! Alors oui, peut être que ça a quelque chose à voir avec le bon dieu !»

Elle se raidit lorsqu’il la toucha, anxieuse. Mais il savait être doux, il ne lui fit pas mal, à son plus grand soulagement. Elle lui sourit
-« Je te dirai merci dans quelques heures, quand ça aura complètement disparu. »

C’est alors qu’il lui dit quelque chose, quelque chose qui ressemblait fortement à des excuses avant de changer de sujet, parlant de sa chère Léna. Elle s’anima :

-« Pas grave pour le bleu. Biensûre que je connais Léna, c’est presque ma sœur ! Pourquoi ? Tu la connais ? »

Elle réfléchit deux secondes, assez pour comprendre. Alors, elle pointa un doigt sur lui, malicieuse :

-« Ah ! Je sais ! Tu veux que je t’arrange quelque chose avec elle ! Bah c’est normal, tout le monde craque sur Léna, elle est tellement jolie ! Et super gentille en plus ! »

Lorsqu’elle parlait de son amie, ses yeux brillaient et on voyait qu’elle l’adorait. Ca ne l’avait jamais gênée d’être toujours à la seconde place, dans l’ombre, l’équivalent féminin de Robin en quelque sorte. Et ça ne l’étonnait pas que Dante veuille lui aussi tenter quelque chose. Tellement de garçons étaient venus la voir pour de l’aide. C’était son job ça, directrice d’une agence matrimoniale.

-« Je pense que ça pourrait le faire...si tu veux je lui dis comment tu t’appelles, que tu es grand, plutôt beau gosse, assez baraqué et je suis sûre qu’elle craquera ! »

Elle se mit à rire, se demandant déjà comment elle allait les faire se rencontrer. Puis il lui parla d’une fête au campus, elle fronça les sourcils puis s’assit sur le haut du canapé, commençant à balancer ses jambes de bas en haut.

-« Nan, j’aime pas les fêtes, je préfère lire. »

Elle se laissa tomber, la tête à l’envers puis soupira :

-« Et toi tu y vas ? Parce que si tu y vas, je veux bien venir mais sinon… »

Et c’était vrai, elle irait si elle était sûre d’avoir de la compagnie sinon, non merci. Et puis, elle avait la certitude que Léna viendrait alors, elle serait de la partie, elle verrait si les choses collaient entre ces deux-là. D’un côté, elle souhaitait que oui mais de l’autre… Mais Rory était comme ça, c’était dans sa nature de penser aux intérêts des autres avant les siens. Pas la peine de se torturer, Léna l’aurait, comme d’habitude et elle, elle se contenterait de sourire.

Elle afficha une mine boudeuse lorsqu’il lui dit que demi portion lui allait mieux, ne protesta pas cependant. Après tout, si ça lui faisait plaisir…

-« Ecoute, tu m’appelles demi portion quand tu veux tant qu’on est ici mais pas en publique ! »

Une personne extérieur aurait souri face à cette remarque qui incitait quand même à une quelconque intimité entre eux mais elle non, elle n’y pensait pas, elle savait juste qu’elle n’aurait pas voulu que les autres entendent son surnom, pas parce qu’il lui était intime, plutôt parce qu’elle en avait honte.
Elle rigola franchement lorsqu’il lui affirmait qu’il était on ne peut plus normal, répliqua du tac au tac :

-« Excuse moi Super Dante (elle insista bien sur le sobriquet, moqueuse) mais moi, c’était la première fois de ma vie qu’un mec me tenait par un bras, dans le vide, assez haut pour que je meure. Et personne ne m’avait jamais raconté une expérience pareille. Enfin bref, je préfère ne plus y penser, tu as failli me donner une crise cardiaque et tu ne t’es pas excusé mais passons… »

En effet, elle avait envie de tourner cette page-là parce que, plus elle y repensait, plus elle se sentait traumatisée. Alors qu’elle lui faisait une proposition toute gentille pour Léna et lui, il lui sembla qu’elle l’avait vexé. Fronçant les sourcils, elle essaya de le comprendre. Vraiment, elle ne savait pas sur quel pied danser avec ce garçon ! Elle avait cru comprendre qu’il voulait quelque chose avec Léna et, une fois de plus sa sale manie de toujours fourrer son nez dans les affaires des autres avait fait des ravages.

-« Non tout n’est pas qu’une question de rencontre et de sortir mais à deux c’est mieux ! Désolée si je me suis trompée ! Mais j’ai cru…j’ai cru… »

Elle s’arrêta, soupira longuement.

-« Oh et puis zut, débrouille toi moi, je pige que dalle à ton caractère de cochon alors non, je ne lui dirai même pas que tu es exécrable, chiant, emmerdeur et crâneur ! Fais le toi, comme ça elle sera exaspérée, exactement comme moi, là, maintenant, tout de suite ! »

Alors qu’elle avait la tête à l’envers, elle crut recevoir une gifle. Sous le choc, elle retomba, les pieds à l’envers, de l’autre côté de la tête et la robe retournée. Elle se redressa vite, étant sûre cependant qu’il ne l’avait pas vu puisque le canapé avait fait office de paravent. Elle arrangea ses cheveux en bataille tout en se rapprochant pour lui parler.

-« Merci Dante, vraiment sympa. D’ailleurs, ça me refroidit vachement… »

Elle le regarda pour voir s’il comprenait puis décida de mieux s’expliquer.

-« Ben ouais, comment je peux compter sur un mec qui promet de m’abandonner si je ne viens pas, sans même essayer de me convaincre ? »

Et dire qu’il reprenait son livre tranquillement, pour la troisième fois déjà. Elle avait presque envie d’en rire, se retint.

-« T’inquiète, amuse toi, moi, je veux pas venir. En plus, ça doit plus être le genre de fête alcool non ?! J’aime pas les fêtes de ce genre là ! Etre saoule ou devoir te ramener en étant complètement bourré c’est pas ce que je préfère… »

En effet, elle se voyait mal aller à cette fête, portant une petite robe noire à paillette et des talons, boire de l’alcool et rentrer ivre. (XD) Ou pire, chercher Dante comme une idiote alors qu’il serait en train de s’envoyer en l’air avec une des nanas présentes. Ce genre de fête alcool, sexe et rock ‘n’ roll, ce n’était pas pou elle.

-« Je ne crois pas que je regretterai de te ramener ici si tu es saoul et tu sais pourquoi ?! Parce que tu es mon colocataire et même si tu réunis à toi tout seul tous les défauts du monde, je t’aiderai dés que l’occasion se présentera ! »

Elle énonça cela comme une vérité indiscutable, quelque chose de sûre en toute circonstance. Puis elle écouta le reste de ce qu’il avait à dire, ne préférant pas rétorquer. C’est alors qu’après s’être esquivée dans la cuisine, il venait vers elle, posait une main dans son cou.
Là vraiment, il poussait le bouchon trop loin. Rory ne savait plus où se mettre, gênée qu’il la touche à un endroit si sensible. Son cœur battait à cent à l’heure et elle était toute rouge. Est-ce que ça pouvait empirer ? Est-ce que ça POUVAIT empirer ? Quelle question idiote posée à une proie si facile, si accessible….Tenant encore la bouteille d’eau glacée dans sa main, elle serra fort ses doigts dessus pour essayer de se réveiller.

-« Lâche moi Dante…. » murmura-t-elle, avant de brusquement réaliser la situation.

Bon, d’accord elle était gentille mais ce n’était pas une raison pour lui faire tourner la tête comme il était en train de le faire. Elle avait sa fierté quand même. Elle lui sourit, moqueuse puis leva son bras et….lui lança le contenu de la bouteille d’eau à la figure mouillant au passage son t-shirt et un bout de son pantalon. Puis elle enleva sa main, se dégagea promptement.

-« Tu l’as bien cherché » cria-t-elle cette fois-ci sans pouvoir se retenir tant elle était énervée.
« Je t’interdis de me toucher comme ça, je suis pas ta petite copine, je suis ta colocataire alors respect ! Je te respecte, tu me respectes et tout ira bien ! C’est pas compliqué non ?!

Puis, perdant tout d’un coup son courage, elle sauta par-dessus le canapé et, une fois qu’elle fut séparée de lui par un objet assez gros, elle se sentit soulagée.

-« Bon ok, je m’excuse , je suis désolée je voulais pas le faire mais tu m’as forcé…calme toi hein, c’est pas comme si je t’avais renversé de l’eau en bas et que t’allais sortir….Calme toi Dante, calme toi » répétait-elle inlassablement

Elle avait peur qu’il la prenne une fois de plus et que, cette fois-ci il la jette vraiment. Il était tellement plus fort qu’elle. Nerveuse, elle le fixa de ses grands yeux bleus, appréhendant sa réaction. Elle voyait déjà l’avenir. Il allait la tuer, elle mourrait ici même puis il la balancerait dans un placard ou pire, il brûlerait on corps. Elle s’éloigna du canapé, écarquillant les yeux, trembla comme une feuille. Et si…elle s’enfermait dans la salle de bain le temps qu’il se calme ? La distance était infirme, elle courrait vite, elle pourrait le faire…
En un bon, elle sauta le canapé, le bouscula et se dirigea vers la porte du paradis. Elle y était presque…presque lorsque…